Bref historique
Depuis la disparition des carburants additivés au plomb
tétra-éthyle, les pétroliers utilisent
divers composants non-métalliques pour améliorer
la résistance à la détonation (indice d'octane)
de l'essence normale et super. L'éther par exemple sous
la forme MTBE (Methyl-Tertiärbuthylether)
entre 3 et 15% ou ETBE (Ethyl-Tertiärbuthylether)
.
Une addition d'alcool du type éthanol ou méthanol
produit le même effet en ce qui concerne l'amélioration
de l'indice d'octane. En Europe, la norme prévoit un
maximum admissible de 5% d'éthanol (E5), alors qu'aux
USA, on trouve de l'essence E10 et au Brésil E20 jusqu'à
E26.
Il en découle que l'essence que l'on achète à
la pompe aujourd'hui peut contenir jusqu'à 5 %
d'éthanol.
Notons en passant que ces additifs ont certes amélioré
les émissions de composants nocifs dus à la combustion
de l'essence, cette dernière en revanche présente
une dégradation de la stabilité dans le temps
qui impose l'usage de "fuel stabilizer" dans le cas
d'immobilisation prolongée du véhicule.
Le bio-éthanol
L'utilisation de l'éthanol comme carburant n'est pas
une invention récente. En 1860 déjà, Otto
s'en servit pour faire fonctionner un prototype de moteur à
combustion interne.
De son côté, Henry Ford était convaincu
que ce carburant issu d'une matière première fournie
par l'agriculture serait la principale source énergétique
pour son modèle "T".
En Allemagne, depuis 1925 jusqu'à la fin de la guerre,
l'éthanol fut utilisé comme additif à l'essence
pour en améliorer l'indice d'octane.
Le bio-éthanol (ou alcool éthylique) peut être
obtenu par distillation après fermentation (ou par des
méthodes biochimiques comparables) de matière
première renouvelable.
En Europe, il s'agit en particulier de blés (froment,
seigle) ou de betterave à sucre.
Les propriétés de l'éthanol
Un carburant composé à 100% d'éthanol
(E100) ne peut être utilisé dans un moteur conventionnel.
Des moteurs spécialement adaptés existent depuis
longtemps au Brésil, pays de la canne à sucre.
En Europe, on trouve des mélanges essence-éthanol
dans des proportions variables, en particulier E85 soit 85%
d'éthanol et 15% essence, ou respectivement E10 et E15
pour les versions "soft".
Propriétés physiques des carburants pour
moteur OTTO
Carburant
|
Densité |
Composants %
|
Pouvoir calorifique
MJ/kg
|
Rapport air/carburant
kg/kg
|
Essence normale |
0.72-0.77
|
86C 14H
|
42.7
|
14.8
|
Essence super |
0.72-0.77
|
86C 14H
|
43.5
|
14.7
|
Ethanol
|
0.79
|
52C 13H 35O
|
26.8
|
9.0
|
Méthanol
|
0.79
|
38C 12H 50O
|
19.7
|
6.4
|
Le pouvoir calorifique de l'éthanol pur est réduit
de 40% par rapport à l'essence, ainsi que le rapport
air-carburant.
On comprendra donc que la quantité de carburant nécessaire
pour produire une puissance donnée doit être majorée,
ce qui nécessite un recalibrage complet de la carburation
ou de l'injection, cela en fonction de la proportion d'alcool
contenu dans l'essence.
Dans la pratique, avec le E85, on compte un facteur de l'ordre
de 1.4 à 1.5 sur la consommation.
Cependant, le rendement du moteur peut être amélioré
en augmentant le rapport volumétrique, grâce à
l'indice d'octane du E85 qui se situe largement au delà
de 100.
Ce faisant, le facteur conso. peut se réduire à
1.2 environ.
Du point de vue économique, le surplus de consommation
est compensé par le prix inférieur du E85.
L'éthanol produisant moins de chaleur lors de la combustion,
la température dans la chambre de combustion s'en trouve
abaissée, pour autant que la richesse ait été
adaptée. Dans le cas contraire, l'appauvrissement du
mélange détonant aura pour effet d'augmenter la
température. (Risque de serrage)
L'aspect écologique:
Lorsqu'on parle de neutralité CO2, on considère
que le dioxyde de carbone qui est libéré par la
combustion du carburant dans le moteur est compensé par
l'absorption de ce même gaz par les plants lors de leur
croissance.
On ne tient pas compte en revanche de l'énergie fossile
qui est consommée pour la fabrication (distillation)
et la distribution du biocarburant, ce qui fausse quelque peu
le résultat.
Les carburants contenant de l'éthanol permettent une
diminution des émissions d'hydrocarbures imbrûlés
de forme HC, de monoxyde de carbone CO ainsi que de composés
cancérigènes tel que le Benzol.
En ce qui concerne les oxydes d'azote NOx, il n'y a pas de différence
notable.
L'utilisation d'un carburant à l'éthanol induit
une amélioration des rejets de CO2 ainsi qu'une diminution
des phénomènes d'ozone et de smog. L'alcool est
de plus absolument exempt de soufre.
Les gaz d'échappement produits par les carburants à
l'éthanol peuvent contenir en revanche des aldéhydes
qui sont soupçonnées d'avoir un effet cancérigène.
Ces aldéhydes sont émises en permanence si le
véhicule n'a pas de catalyseur, et pendant la phase de
réchauffement s'il y a un catalyseur.
Le cas particulier du moteur deux-temps
Historiquement, le moteur deux-temps se satisfait d'une essence
à bas indice d'octane, du fait que le rapport volumétrique
RV est modéré par la présence de la lumière
d'échappement qui diminue la course disponible en phase
de compression.
Donc, la possibilité d'améliorer le rendement
du moteur, ou consommation spécifique, en augmentant
le RV n'est pas applicable directement au 2 temps.
La présence d'éthanol dans le carburant laisse
présager des problèmes au niveau de la lubrification
du fait que l'huile minérale n'est pas miscible dans
l'alcool.
Faites-en l'expérience en versant une goutte d'huile
dans de l'alcool à brûler par exemple. Il est impossible
de mélanger ces liquides de façon durable.
Il semble qu'à l'heure actuelle, seule l'huile synthétique
Castrol Greentec XTS (publicité gratuite) se laisse mélanger
dans du carburant à l'éthanol.
Une huile végétale en revanche permettrait un
mélange stable, mais qui utilise encore de l'huile de
ricin?
L'éthanol est considéré comme un excellent
solvant, ou agent dégraissant. Cette propriété
est évidemment fort nuisible pour les parties internes
du moteur qui sont lubrifiées parcimonieusement par le
mélange huile-essence. Il s'agit donc de prévoir
une augmentation de la proportion d'huile dans le cas du mélange,
respectivement une augmentation du débit de la pompe
dans un graissage séparé.
L'effet détergent de l'éthanol peut avoir des
effets secondaires en détachant toutes sortes d'impuretés
dans le circuit d'alimentation, ce qui peut conduire à
une obstruction. Même problématique au niveau de
l'échappement où la calamine risque d'être
détachée par morceaux en causant éventuellement
des avaries mécaniques.
Il est connu maintenant que certains élastomères
en contact avec le carburant sans plomb s'en trouvent rapidement
détruits. C'est le cas en particulier de la membrane
de pompe à essence et des durites d'amenée de
carburant.
Une autre complication se trouve dans le fait que l'alcool
est miscible dans l'eau en toutes proportions et qu'il a la
propriété d'attirer l'humidité présente
dans l'air.
Il en résulte des dégâts de corrosion programmés
au réservoir d'essence en acier.
L'éthanol est plus difficilement inflammable que l'essence.
Il importe donc d'avoir un système d'allumage en parfaite
condition qui produise une vigoureuse étincelle bleue
à la bougie. Peut-être faudra t-il choisir une
bougie de la classe thermique supérieure.
Toutefois, c'est lors des démarrages à froid que
des difficultés sont possibles.
Théoriquement, le fonctionnement du moteur DKW au E85
est possible, moyennant un recalibrage de la carburation. Toutefois,
au vu des complications subséquentes que cela peut engendrer,
il est illusoire de croire en un réel bénéfice.
Si quelqu'un parmi vous se sent l'âme de l'explorateur,
nous considérons la Munga comme la plus adaptée
dans la gamme Auto-Union, grâce à son mélangeur
manuel intégré au réservoir, ce qui rend
possible l'homogénéisation du mélange méthanol-essence-huile
avant chaque départ.
Ceci dit, il n'en resterait pas moins indispensable de purger
complètement le système d'alimentation et le moteur
dès que le véhicule entre en période d'immobilisation,
faute de quoi la corrosion interne fera rapidement son oeuvre
.
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