Préambule:
Le principe du thermosyphon repose sur la différence de densité
entre l'eau chaude et l'eau froide, qui induit une circulation
automatique dans un circuit fermé placé verticalement
et doté d'une source chaude et d'une source froide.
L'objectif visé consiste à simplifier la conception du circuit
de refroidissement par eau du moteur 2 temps en supprimant la
pompe à eau et le thermostat qui lui est normalement associé.
Le thermosyphon fonctionne d'autant mieux lorsque:
L'entrée d'eau
au radiateur est placée plus haute par rapport à
la culasse (source chaude)
La chute de température
dans le radiateur est importante (source froide)
La circulation
de l'eau dans le circuit n'est pas entravée par des restrictions
de passage. Un refroidissement par thermosyphon se reconnait
immédiatement par ses durites de grand diamètre, ainsi qu'un
radiateur à faisceau tubulaire vertical.
Lorsque ces conditions sont réunies, la circulation "automatique"
de l'eau prend effet dès que l'eau chaude présente dans le moteur
tend à s'élever dans la durite supérieure, sous l'effet de sa
densité réduite. (Même principe que le ballon à air chaud)
L'eau froide en provenance du radiateur prend alors place dans
le moteur et la circulation est activée. Donc, tant que le moteur
n'a pas atteint une certaine température, l'eau ne circule pas.
En revanche, lorsque l'eau est fortement échauffée au passage
dans le moteur, la circulation devient rapide.
Théoriquement, cette propriété permet donc de se passer du thermostat
pour réguler la température.
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DKW
F93: La position surélevée du radiateur
apparait clairement, tout comme les durites de forte section. |
Le refroidissement par thermosyphon a été appliqué au
moteur DKW dès le premier modèle bicylindre Type 15 de 1928. (réf.
La gamme Auto-Union DKW)
On le retrouve ensuite sur tous les modèles Front jusqu'en 1939.
Après guerre, il est appliqué à l'utilitaire Schnellaster et
poursuivra sa carrière jusqu'au modèle F12 de 1964.
Limites du thermosyphon:
L'expérience a montré que le système de refroidissement sans
pompe à eau fonctionne à satisfaction pour aurant que la puissance
à dissiper soit modérée et que le radiateur autorise une chute
de température importante de l'eau qui le traverse. Idéalement,
il doit donc être placé en hauteur, tout à l'avant du véhicule,
exposé à l'air frais.
Ces conditions sont réunies sur les modèles avant-guerre, qui
pour la plupart étaient même démunies de tout ventilateur.
En revanche, la nouvelle carrosserie aérodynamique apparue sur
la F89 imposa le repositionnement du radiateur au dessus du
train avant, donc à l'arrière du moteur.
Dès lors, l'air admis au radiateur se trouve préchauffé et ralenti
par son passage autour du moteur.
Cela nécessita dans un premier temps d'augmenter massivement
la taille du radiateur, puis, à mesure de l'augmentation de
puissance des moteurs, la nécessité d'un ventilateur d'air efficace
sous carénage se fit sentir.
On retrouvera cette disposition sur tous les modèles suivants,
jusqu'à l'apparition de la F102, équipée pour sa part d'une
pompe à eau et d'un radiateur frontal.
Particularités du thermosyphon:
Nous avons vu que la circulation d'eau est activée dès que
la température dans le moteur atteint un certain niveau.
Or, sur les modèles munis du radiateur postérieur, le moteur
lui-même est soumis au courant d'air froid passant par la calandre,
d'où l'impossibilité d'atteindre rapidement sa température idéale
de fonctionnement.
C'est pourquoi Auto-Union équipa ses voitures d'un "rideau de
radiateur" actionné manuellement depuis le poste de conduite.
Dès que le radiateur fut placé au-dessus de l'essieu avant et
assisté d'un ventilateur, soit en 1953, un chauffage-dégivrage
à air chaud fut installé dans les voitures de tourisme, par
simple captage de l'air réchauffé à l'arrière
du radiateur.
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DKW
F11/F12:
L'air chaud est capté à l'arrière du
radiateur. Chassé par le ventilateur, il pénètre
dans l'habitacle, en compagnie du bruit et des odeurs régnant
sous le capot. |
Pour améliorer l'effet du chauffage, un carénage arrière muni
de clapets de circulation fut ajouté au radiateur.
Ces clapets sont actionnés manuellement depuis l'habitacle sur
les modèles F93, alors que les types Junior, F11, F12 et 1000S
sont munis d'un commande mécanique thermostatique.
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DKW
F11/F12:
La commande thermostatique des clapets de sortie est assurée
par une timonerie.
Le mouvement est commandé par un bulbe poussoir placé
sur le tube supérieur du radiateur, ainsi que par
un ressort de rappel. |
En résumé, un conducteur maniant rideau de radiateur
et clapets d'air avec virtuosité bénéficiera d'un chauffage
plus efficace.
Rappelons que la différence de température entre
source chaude et source froide joue un rôle prépondérant
dans le fonctionnement du thermosyphon. Or, la mise sous pression
du circuit permet d'augmenter la température d'ébullition
du liquide, soit la source chaude.
Dès la version F91 de 1953, un bouchon 100% étanche
fut monté sur le radiateur, ce dernier étant équipé
par ailleurs d'une soupape de surpression tarée à
0.4 bar.
Sur les modèles suivants, la soupape a été
intégrée au bouchon de radiateur, d'abord réglée
à 0.4 bar, puis à 0.8 bar sur les types 1000 et
suivants.
Les dissidents du thermosyphon:
L'Auto-Union 1000 Sp présentée en 1958 se fit apprécier par
sa ligne surbaissée. La mécanique par contre fut reprise pour
l'essentiel de la version 1000 berline. Alors que la puissance
du moteur est portée de 44 ch à 55 ch, soit +25%, le radiateur
devra être raboté pour se loger sous le capot.
Il était clair que le refroidissement par thermosyphon ne suffirait
plus, et la voiture fut équipée d'une petite pompe à eau placée
sur l'arbre de la dynamo. Cela nécessita l'installation d'un
thermostat sur la durite supérieure et le constructeur en profita
pour équiper la voiture d'un chauffage à échangeur assisté
d'une soufflerie.
Le tous-terrains MUNGA quant à lui fait confiance au thermosyphon
pour le refroidissement du moteur. Il est vrai que son radiateur
imposant, placé idéalement à l'avant, offre une grande réserve
dans ses capacités de dissipation thermique. Par ailleurs, ce
sont les occupants qui vont bénéficier d'un chauffage à échangeur
et soufflerie lui-même alimenté par une pompe à eau électrique.
Connaissant la strucure bâchée de la Munga, ainsi
que ses passagers habituels, soit des militaires durs au mal,
nous admettrons que le chauffage sert essentiellement au dégivrage
du pare-brise.
Fin 1963, le cabriolet F12 fait son apparition, reprenant l'architecture
mécanique de la Junior, mais avec un moteur porté à 45 ch, soit
32% d'augmentation par rapport à la berline F11 de 34 ch..
Bien vite, les utilisateurs constatèrent que le refroidissement
du moteur était insuffisant, et que l'aiguille du thermomètre
flirtait souvent avec la zone rouge.
Auto-Union en tira la leçon, bien qu'un peu tardivement, et
équipa la F12 berline 45 ch. modèle 1965 d'une pompe à eau,
thermostat et chauffage à échangeur + soufflerie, soit
le standard des voitures de cette époque. Le cabriolet, disparu
du programme entretemps, ne bénéficiera pas de cette amélioration.
Enfin, la F102, dernier modèle équipé du moteur 2 temps, reprendra
l'architecture complète de la F12 1965, adaptée à sa
puissance de 60 ch, et, comme nous l'avons dit, avec un radiateur
frontal.
Comment (bien) vivre avec le thermosyphon?
Nous recevons régulièrement la visite de conducteurs DKW préoccupés
par une température trop élevée de l'eau de refroidissement,
parfois associée à une perte de liquide due à l'ébullition.
Les causes de ces désagréments peuvent se trouver dans la liste
ci-dessous, classés selon le degré d'occurence:
Position erronée
du rideau de radiateur, ou des clapets de distribution d'air
à l'arrière du radiateur
Commande thermostatique des volets d'air défectueuse
Défaut d'étanchéité ou de tarage
dans le bouchon de radiateur, qui empêche la mise en pression
du circuit.
Niveau de liquide trop bas dans le radiateur. La circulation
est alors interrompue.
Radiateur obstrué par des boues et du calcaire, résultant
de 50 années de vidanges et remplissages successifs.
Joint de culasse défectueux, laissant passer des gaz de combustion
dans le circuit de refroidissement
Conditions atmosphériques extrêmes. Si l'air frais n'est plus
assez frais, prenez un verre et continuez votre route dès le
coucher du soleil.
Jauge thermométrique mal étalonnée, indiquant une température
supérieure à la réalité.
Courroie de ventilateur détendue.
Ligne d'échappement obstruée par la calamine ou autres déformations
mécaniques, qui empêche l'évacuation rapide des gaz brûlés.
Réglages défectueux de l'allumage, pas assez d'avance (combustion
traînante) ou trop d'avance (résistance sur le piston).
Mauvais réglages de la carburation, trop pauvre ou prise d'air
additionnelle.
Fluide inapproprié dans le radiateur, en particulier antigel
en haute concentration.
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